Gaia, la Terre, ne supporte pas que les enfants de son union avec Ouranos, les Titans, aient été vaincus par Zeus. Elle s'unit alors à Tartare, le Monde souterrain, pour donner le jour au monstre Typhon (ou Typhée). Selon d'autres récits, Typhon aurait été enfanté par Héra, furieuse que Zeus ait engendré tout seul Athéna, et désireuse de donner le jour, seule, à un enfant capable de rivaliser en puissance avec son époux.
Typhon, élevé à Delphes par le serpent Python, est un être immense, plus grand que les montagnes. Il porte des ailes d'aigle et, à la place des doigts, cent têtes de dragon dont les yeux jettent des flammes. Par ailleurs son corps, humain pour le reste, est entouré de serpents dans toute sa partie inférieure.
Typhon s'unit avec Échidna, moitié femme moitié vipère. Ensemble, ils donnent le jour à une série de monstres, notamment Cerbère, l'Hydre de Lerne ou encore la Chimère, qui tiendront une place importante dans de nombreux récits de la mythologie grecque.
Terrorisés par le monstrueux Typhon, les dieux s'enfuient tous de l'Olympe, à l'exception d'Héra et de Zeus. Dans les premières légendes, Zeus écrase Typhon de sa foudre dès le premier combat, et le précipite dans le Monde souterrain, le Tartare.
Dans les récits plus tardifs, en revanche, Zeus est d'abord vaincu par le monstre, qui lui vole sa faucille, grâce à laquelle il tranche les nerfs et les tendons de ses bras et de ses jambes. Il dérobe également la foudre du dieu et le fait prisonnier. Mais l'habile Hermès, le messager des dieux, fils de Zeus, parvient à délivrer son père, remet en place nerfs et tendons et lui restitue la foudre. Le dieu, ayant retrouvé son intégrité physique et sa puissante arme, affronte à nouveau Typhon. Il le vainc et l'enferme sous l'Etna, où il est gardé par le dieu du Feu Héphaïstos. Selon Homère, les éruptions de l'Etna sont les flammes que crache encore le monstre.
À la suite de ce combat, Zeus, Poséidon et Hadès se partagent le monde : le premier règnera sur le ciel, le second sur la mer et le troisième sur les enfers. La défaite de Typhon marque l'avènement définitif de Zeus en tant que souverain de l'Olympe et de ses dieux.
Typhon incarne le désordre, la violence et les instincts primaires. À cet égard, son combat contre Zeus représente la lutte du chaos contre l'ordre, qui sort vainqueur. Dans la légende qui fait de Typhon le fils d'Héra, son histoire symbolise plutôt le combat de l'instinct (Typhon) contre la sagesse (Athéna).
Il est possible que la légende du combat de Typhon contre Zeus ait pour origine un cataclysme ayant ravagé, dans l'Antiquité, les îles des Cyclades ; le mythe incarnerait alors le retour au calme après le déchaînement des forces de la nature. »